la naissance de julia
Tout commença le mercredi 27 au soir. Je suis épuisée, rétamée par les
nuits pourries générées par le manque de place (lit de 140 + chat +
chéri+ robidou). Je demande gentiment à chéri de dormir dans la chambre
du bébé, sur le canapé lit, me laissant le grand lit pour moi toute
seule. Il s'exécute de bonne grâce, mais j'en suis limite à pleurer
quand il me dit bonsoir...
Le matin du jeudi, je me réveille vers
7h15, je sens comme un truc chaud entre mes jambes, ça coule. Mon
premier réflexe est de me dire « ho noooon » (parce que j'aurais bien
dormi plus!!). Je me lève, ouvre la porte de la chambre de bébé où dort
chéri, et là flouuuutch ça coule terrible, ça mouille par terre,
l'horreur... je lui dit (surement d'une petite voix) qu'il faut
partir... il se lève, me fait prendre une douche, je jette au hasard
des trucs dans ma valise pas finie, je prends ma douche en tremblotant,
je met des fringues (pas de pantalon parce que ça couuuule encore),
j'appelle le 15 qui me disent de venir tout de suite, je met un
pantalon, une protection (qui sera flinguée en 30 secondes), je prends
une grande serviette que j'étale sur le siège, en avant! Chéri est
calme mais en apparence seulement...
On arrive à l'hôpital,
direction les salles de naissance. Une sage femme me prend en charge,
teste si c'est bien du liquide (oui, ça en est), puis tâte mon col :
tout fermé, postérieur, pas mur quoi
On me mets dans un chambre de prétravail.
On me mets sous monito (je déteste ça, ça fait mal, mais j'aime entendre le son du bébé)
Plus
tard, après un monito avec aucune contraction, on m'autorise à manger.
Je sens que c'est mauvais signe, et oui : on me laisse comme ça, à 19h
j'aurais des antibiotiques et un tampon de prostaglandine pour générer
le travail. Je me dit que je suis partie pour accoucher dans la nuit ou
vendredi matin, pff ça m'agace!
Je passe donc mon jeudi après midi
dans des situations inconfortables, avec quand même des petites
douleurs, et un global ras le bol. Lors de la pose de mon tampon, vers
19h, mon col est toujours fermé à double tour, mais ma poche toujours
rompue...
On me met alors sous monito pendant 2h, avec interdiction
de manger. Je crois que je vais écorcher les soignants (surtout celle
qui m'a posé le tampon, grrr), mais je reste stoïque. Enfin je tente.
Vers 22h30, on m'apporte mon repas, gloire joie et félicité, repas
d'hôpital peut-être, mais repas quand même.
J'ai de plus en plus
mal du fait du tampon, j'ai du mal à m'endormir... Il faut savoir que
je suis toujours dans la zone des salles de naissance donc j'entends
les bébés qui naissent, et je vois les mamans qui passent avec eux pour
aller vers leurs chambres... Je suis dégoutée!!
Je dors de 1h à 5h
environ, puis je somnole jusqu'à 7h30 où arrive ma sauveuse : « ma »
sage femme, celle qui me fait de l'acupuncture, qui est gentille à
l'écoute et tout, Florence!! Elle blague avec moi sur le fait que je
soit là (on avait rdv dans l'après midi) puis m'examine doucement. Ça
n'avance pas vite, elle évoque la pose d'une perfusion pour déclencher
les contraction, mais ne me dit pas quand. Je reste dans l'expectative,
et c'est parti pour un nouveau monito (qui n'a pas compris que je
déteste ça??)
Vers 16h (oui entre temps j'ai fait une bonne
sieste, une douche, un repas hôpital, il neige dehors...), Florence
vient me faire de l'acupuncture afin d'aider le col à s'ouvrir. Peu de
temps après je perds mon tampon (aux toilettes, ouppps) mais je ne m'en
rends pas compte. Au monito il y a de légères contractions, ce qui
m'ennuie : j'aimerai presque avoir mal.
Le soir, changement de
sage femme. Florence m'a conseillé d'en « mettre un coup » dans la
nuit, et dit qu'elle m'accoucherais le lendemain si tel était le cas.
Heu oui d'accord, mais je contrôle pas tout
la
nouvelle sage femme me repose un tampon mais sans m'examiner. Je suis
un peu dans le flou, on re monitote 2h, grrrr... mais j'ai le droit de
manger (mystères des soignants...) mais c'est moins bon (24h et je me
lasse...)
J'ai quand même de plus en plus mal. Vers 23h je rereperds
le tampon. Sage femme de nuit arrive, je lui dit, elle m'en repose
un... devinez... ouiii, encore un monito de 2h!!! Je râle, mais c'est
la procédure...
Fin du monito vers 1h45 du matin, je souffle, j'ai
mal, je dors (si on peut appeler ça dormir, j'ai des phases de sommeil
de 20 min avec des réveils de douleur, pas glop)
A 4h, je suis
totalement réveillée. J'ai mal. J'appelle, mais on me dit qu'on ne peut
rien me faire. Ok, tout le monde apparemment attends demain pour me
poser cette foutue perfusion qui apparemment fait bien douiller (du
coup je rationalise les douleurs que je ressent en me disant que ce
sera pire après)
Vers 5h, j'ai un sensation très étrange, comme si un truc appuyait fortement à l'intérieur de moi. Aïe.
Entre
5h et 7h, très très mal, très très souvent, je me lève, je trottine, je
crie un peu aussi, je m'assied sur la ballon, je me tourne, me
contorsionne, pffiou, et, me dis-je, ça va être pire avec la perf!!
Vivement la péri.
Vers 7h, on me remonotite « avant toute pose de
perf ». Ok, je suis groggy, je bois un peu, je me sens comme Rocky qui
viendrai de taper dans de la viande congelée pendant des heures (mais
avec mon bas ventre)
7h20, ça va pas du tout (désolée ça va être
cru) j'ai hyper hyper envie d'aller à la selle, j'arrache le monito
(mon sens des convenances m'interdit de faire ça sur un lit dans une
salle de prétravail, nan mais) et je m'assied sur le trône (ouaip, même
les ladies font caca) mais là... c'est pas normal, la sensation
s'atténue. Bon j'ai encore mal, je me retourne difficilement dans la
chambre, avec le monito tout en vrac, il va bipper, donc alerter les
gens, c'est bien.
Là arrive... Florence!! Ma mienne sage femme à moi que j'ai!!!
Elle me fait un toucher vaginal.
Elle me regarde dans les yeux et me dit « vous êtes totalement dilatée, on va accoucher! »
Je ne dois pas réagir trop.
Elle
me regarde d'un peu plus près, me dit «Vous êtes à 10cm. Ne vous
inquiétez pas, ça va bien aller. Vous allez accoucher ce matin, on va
tout de suite en salle de naissance. On va prévenir le papa. Ça va bien
se passer. »
Moi je réagis seulement, je bafouille « Mais j'aurais
pas de péri? Mais je vais accoucher? Mais où on va? Et mes affaires? Et
Rémy? »
J'ai les jambes qui tremblent, tout qui tremble d'ailleurs!!
je me traine en salle d'accouchement, elle me laissent faire passer une
contraction en étant comme bon me semble : à savoir debout, penchée en
avant, jambes écartées, envie de pousser, en fait c'était pas envie
d'aller à la selle non!! mais bel et bien la tête du bébé qui se
faisait une belle place. Je saignote, beuh.
Je monte sur le lit, je
tente sur le coté pour une autre contraction, mais j'étais pas très
confort, et puis on me dit qu'ils ont appelé le papa, qui arrive dans
5minutes. Florence et la puéricultrice installent les trucs pour mettre
les jambes (je sais pas le vrai nom?), rabattent le bout du lit,
mettent des trucs sous mes fesses, du plastique, des machins étanches,
des alèses, me rebranchent à une perf (j'ai du à un moment réclamer des
calmants, ce qui les a fait rigoler, elle m'ont surtout dit que ce
serait pas long)
Et là... arrive le grand moment... ELLE va naitre!!!
Rémy est arrivé, un peu tout blanc (la sage femme lui donne un sucre), il aura donc tout vu de mon anatomie ...
On
m'installe en position gynécologique, que je trouve très confortable.
On m'indique les poignées pour m'agripper pour pousser. On me dit de
pousser quand j'en ai l'envie. Une contraction arrive, je
pousse........ je hurle aussi, c'est pas très malin parce que ça bouffe
plein d'énergie. Je souffle. On me dit que la tête du bébé est là. Je
suis impressionnée!! il doit être 7h55, ça fait même pas 30minutes que
je sais que LE moment est arrivé!!
Je pousse, je pousse, le tout
sur 5 contractions à peu près. Je sens que ça progresse en moi, que je
ne peux plus faire « reculer ». Et là on me dit « ne poussez plus!! »
je sens bien la tête du bébé qui est passée, je sens qu'on retourne
quelquechose, c'est surement... haa plop, plop, oui les épaules, et
puis pfuiiiiit, tout le bébé est tiré hors de moi, quelqu'un coupe le
cordon (pas Rémy il était trop tremblotant je crois) on me pose MA
FILLE sur moi. Elle ouvre un oeil, puis l'autre, crie, oui elle est
née!! Il est 8h07, les minutes sont longues...
j'évacue le placenta (sensation très bizarre ce machin qui passe), Florence me recouds (petite déchirure, et oui)
La
puéricultrice récupère le bébé, Julia est en pouponnière un court
instant... elle fait 2kg510, 46 cm, elle est encore toute froissée,
elle sent bon le bébé, elle est mise en peau à peau avec moi. Après
environ une heure, elle prends son premier biberon, et reste sur les
genoux de son papa, tout rouge d'émotion, avec qui le contact par le
regard est magique...
JULIA est là!! Toutes les 48h de douleurs, d'attente, d'agacement, ce n'est rien par rapport à ces trois mots : Julia est là!!